Bordeaux au 18e siècle : le commerce Atlantique et l'esclavage
Parcours 400 000 ans d'histoire(s)
L’exposition présente la place privilégiée de la ville de Bordeaux au 18e siècle dans le royaume de France par son poids politique et l’importance de ses transformations architecturales. Elle conduit le visiteur à se poser la question de l’origine de la prospérité de la ville à travers la présentation des réalités du commerce transatlantique marqué par la traite et du système esclavagiste dans les colonies avec l’économie de plantation. Par la loi dite « Taubira » du 10 mai 2001, « la République française reconnait que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l’océan Indien d’une part, et l’esclavage d’autre part, perpétrés à partir du 15e siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l’océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l’humanité. »
Avertissement
Les titres d’œuvres et les contenus de documents sont l’héritage d’une époque et de son histoire. Les mots de « nègre », « négresse », « négrillon » ou « mulâtre » renvoient à la violence du système esclavagiste institué par les Européens à la fin du 15e siècle. Ces termes figurent entre guillemets dans l’exposition afin de souligner le contexte historique particulier de leur emploi.
Un apogée architectural lié au commerce de Bordeaux avec les colonies
À la faveur d’une prospérité sans précédent, Bordeaux connaît au 18e siècle une importante transformation urbaine sous l’action d’intendants royaux de renom. De grands projets sont réalisés comme la création de la place Royale, aujourd’hui place de la Bourse, ou le percement de nouveaux cours. La prospérité attire une population active venue de toute la région ainsi que des négociants et armateurs issus de différents horizons européens. Dans les espaces, un plan de Bordeaux présente les grands travaux menés par le marquis de Tourny et il permet d’imaginer comment était la ville à cette époque.
Portraits, éléments de vaisselle et de mobilier richement décorés ainsi qu’une chaise à porteurs témoignent de la richesse des armateurs, négociants et magistrats de la cité. Ces objets permettent aussi de rendre compte du savoir-faire de la manufacture royale de faïence installée aux Chartrons.
La ville tire son éclat de ses échanges vieux de plusieurs siècles avec l’Europe du Nord, de l’amélioration de ses productions, de sa spéculation immobilière, de l’importance de son vin et surtout du dynamisme de son négoce maritime. La richesse de Bordeaux repose ainsi avant tout sur les profits qu’elle tire du système esclavagiste. Les nouveaux débouchés vers les Amériques lui permettent à la fois d’exporter les productions de son arrière-pays contrôlé et d’importer les denrées produites par les captifs déportés du continent africain puis mis en esclavage dans les plantations des « isles à sucre ». Ces denrées sont consommées sur place mais également redistribuées sur l’ensemble du continent européen. Bordeaux doit surtout sa richesse à la culture et à la vente des denrées coloniales - sucre, café, coton, indigo, cacao - produites par les personnes mises en esclavage dans les plantations que viennent compléter les profits tirés de la traite.
De nombreux documents présentent le système esclavagiste, l’économie du commerce atlantique et l'organisation de la traite.
Le commerce atlantique et l’esclavage
À l’instar d’autres ports européens, Bordeaux a pratiqué le commerce d’êtres humains originaires du continent africain. Environ 180 armateurs bordelais sont à l’origine de 480 expéditions responsables de la déportation d’entre 120 000 et 150 000 Africains, hommes, femmes, enfants, dont beaucoup sont décédés en mer. La traite bordelaise s’intensifie après la guerre d’Indépendance américaine (1775-1782), car la diminution des profits du commerce colonial en droiture et la concurrence des farines américaines conduisent les armateurs bordelais à rechercher de nouveaux placements plus rentables. En raison de la concurrence des négriers étrangers sur les côtes occidentales de l’Afrique, l’approvisionnement en captifs s’élargit également aux côtes de l’océan Indien. Commerce en droiture et traite d’êtres humains sont bien constitutifs du même système colonial esclavagiste. Un film sur ce sujet est diffusé en salle, il présente les voyages du navire Comte de Vergennes. Les nombreuses maquettes de vaisseaux, dont celle du Conquérant, vous racontent la vie en mer, entre voyages de commerce et guerres navales.
Les héritages
La résistance des personnes mises en esclavages qui se révoltent pour leur liberté est également mise en lumière dans le dernier espace en parallèle avec les combats pour l’abolition. Les héritages de ce crime contre l’humanité sont également abordés par leurs impacts contemporains dans nos sociétés. En témoigne la nouvelle partie consacrée à l’histoire d’Haïti, du soulèvement de Saint-Domingue aux conséquences de la double dette issue de la reconnaissance de son indépendance.
Parcours sensoriel
Pour une expérience encore plus immersive, le parcours sensoriel vous permettra de découvrir par le toucher des fac-similés de certaines œuvres et objets exposés dans les salles médiévales :
- Un plan en relief de Bordeaux
- Une statue équestre en bronze de Louis XV
- Un mascaron d’une esclave
- Une carte tactile de l’Atlantique
- Le plan du navire négrier Le Brooks
- Des marchandises d’échanges (cauris et perles de verre)
- Un plan tactile de la sucrerie Nolivos à la Croix-des-Bouquets à Saint-Domingue