Bordeaux port(e) du monde : 1800-1939
Le 19e siècle vous ouvre ses portes !
Entre âge d’or du chemin de fer, aménagements portuaires et ouverture sur le monde par voie maritime, Bordeaux se développe et s’inscrit dans les évolutions du siècle. Son port est au cœur de son activité de commerce. Maquettes de bateaux, tonneaux et affiches publicitaires vous feront embarquer depuis le Port de la Lune !
Bordeaux, entrepôt colonial de l’Europe…
À la sortie de la Révolution, le commerce bordelais est fortement impacté par les évènements de ce début de siècle. Ce sont d’abord les guerres de l’Empire, puis la proclamation de l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804, qui scelle la perte pour la France de la prospère colonie de Saint-Domingue, enfin, à partir de 1815 l’interdiction progressive de la traite des êtres humains. Les relations intercontinentales ne reprennent qu’à partir des années 1820.
Au 19e siècle, Bordeaux continue d’être le port de transit de toutes les denrées produites dans les colonies. Les grandes familles de négociants poursuivent ainsi leurs activités à La Réunion, en Guyane et aux Antilles qui sont des colonies où 250 000 personnes africaines et afrodescendantes sont encore en esclavage à la veille de son abolition en 1848. Au milieu du siècle et dans les décennies suivantes, le commerce bordelais se tourne aussi vers d’autres territoires nouvellement investis par la France : l’Algérie, l’Afrique de l’Ouest, l’Asie orientale, la Nouvelle-Calédonie… La navigation fluviale se développe également grâce à la construction à Bordeaux de bateaux à vapeur, permettant un trafic plus régulier et le transport, jusqu’au port, des marchandises : vin, pierre, charbon, bois, denrées alimentaires…
Le rayonnement considérable de Bordeaux se met en scène lors des grandes expositions maritimes et coloniales qui s’implantent sur la place des Quinconces. Principalement financées par les grandes entreprises bordelaises, ces expositions sont de puissants instruments de la propagande coloniale. On y fait la promotion des produits coloniaux et à deux reprises, en 1895 et en 1907, on y exhibe aussi des êtres humains, mis en scène dans des « villages noirs ».
…et port industriel
Tout au long du siècle, le Port de la Lune devient une rue industrielle.
Du clipper au bateau à vapeur, le parcours “Bordeaux port(e) du monde : 1800-1939" expose de nombreuses maquettes de navires qui retracent l’évolution de la navire marchande et témoignent de l’activité intense qui règne sur le port ! On retrouve dans ces espaces d'exposition, le linteau à la locomotive qui ornait l’entrée des entrepôts édifiés vers 1870 au début du cours Alsace-Lorraine.
Une multitude d’ouvriers portuaires travaillent en permanence sur les berges de la Garonne, dans les usines et dans les ateliers de transformation des produits coloniaux : raffineries, huileries, conserveries, biscuiteries, chocolateries… Le musée d’Aquitaine a reconstitué une épicerie dans laquelle on retrouve les marques bordelaises de l’industrie agro-alimentaire en essor au début du 20e siècle : huilerie Maurel et Prom, les conserves de la Maison Rödel, la chocolaterie Louit, la Maison Bardinet spécialisée dans le rhum…
Pêcheurs basques, bretons et normands viennent aussi décharger à Bordeaux leurs cargaisons pêchées sur les bancs de Terre Neuve ou d’Islande, qui seront traitées dans les sècheries de morues installées sur les palus de Bègles.
Une culture ouvrière se développe à Bordeaux et dans sa banlieue et, avec elle, de nombreux conflits sociaux liés aux conditions de travail des dockers.
Ce dynamisme a un effet considérable sur la population bordelaise qui se diversifie avec l’implantation d’étrangers, principalement espagnols.

Un port tourné vers le monde
Avec Le Havre, Bordeaux devient aussi un grand port pour les paquebots transatlantiques, avec des lignes vers le Brésil (1857), les Antilles, puis un peu plus tard le Maroc et l’Afrique de l’Ouest. À partir des années 1860, des centaines de milliers d’émigrants transitent ainsi par le port de Bordeaux. Originaires du grand Sud-Ouest, d’Espagne ou d’Italie, ils partent chercher un avenir meilleur aux États-Unis mais surtout en Amérique du Sud, principalement en Argentine.
Le 19e siècle c’est aussi l’attrait pour l’Orient, qui nourrit l’imaginaire des artistes et passionne les amateurs. A Bordeaux, deux figures se détachent dans la seconde moitié du 19e siècle : celle du médecin Ernest Godard, qui a rapporté d’Egypte une collection antique exposée au musée, et Edouard Bonie, dont le musée présente l’intérieur orientaliste de sa maison-musée qu’il a édifié.
Parcours sensoriel
Observez, touchez, sentez… le parcours sensoriel vous invite à vous approprier par les sens certaines œuvres et objets exposés dans les salles 19e – 20e siècles :
- Le tableau du port de Bordeaux par Delacroix
- Une maquette du bateau La Gironde
- Le linteau à la locomotive
- Une affiche publicitaire de Lillet