Bacchante

Bacchante par Raoul Larche, vers 1910, bronze, 63 x 45 cm, Inv. 2012.1.3

Don de l'Association des Amis au musée d'Aquitaine en 2011

Fils d'un ébéniste, Raoul Larche naît le 22 octobre 1860 à Saint-André-de-Cubzac mais très tôt, sa famille décide de s'installer à Paris où, après un bref séjour à l'École Supérieure des Arts Décoratifs, il est admis en août 1877, à dix-sept ans, à l'école des Beaux-Arts. Il y suivit les cours de François Jouffroy jusqu'en 1881 puis ceux de son élève, Alexandre Falguière jusqu'en 1888. Il fut également l'élève de Dumont et assiste aux cours de modelage d'Eugène Delaplanche ainsi qu'à l'enseignement du peintre Jean-Léon Gérôme. Si Larche est surtout connu pour ses talents de sculpteur, il débuta comme peintre et peindra abondamment toute sa vie, parallèlement à sa carrière de sculpteur. En 1900, l'édition de la lampe en bronze doré représentant la danseuse américaine Loïe Fuller, muse de l'Art nouveau, connut un immense succès et lui assura une grande notoriété.

Ce buste en très haut-relief se détache sur un motif circulaire, évoquant l'extrémité d'un tonneau, où court l'inscription je ris, je chante et vive le vin à côté d'une grappe de raisin, à la base du buste. Tout est propice aux jeux d'ombre et de lumière, le visage expressif où le rire fait jaillir les pommettes et creuse les joues de profonds sillons, la chair qui garde la touche irrégulière et vibrante de l'ébauche en terre et traduit bien l'instant suspendu et la spontanéité. Le visage enjoué de la jeune femme emportée dans un mouvement de danse n'est pas sans rappeler les multiples déclinaisons de Carpeaux autour des figures de La Danse de l'Opéra (1869), en particulier le buste de La Bacchante aux vignes. La jeunesse, le mouvement, l'énergie animent ce bronze dans la lignée de ses allégories de la Nature qui sont autant de prétextes à la représentation de corps nus intimement liés à la végétation. Il n'y a en effet, aucune recherche psychologique dans ce visage rieur. Si, dans certaines oeuvres, Larche s'intéresse à l'expression des sentiments et aux mouvements de l'âme comme dans le visage inspiré de l'Apôtre (1902, jardin de l'Hôtel de Ville de Bordeaux) ou celui de Jeanne d'Arc (1909, La Madeleine, Paris), la femme n'est pour lui, le plus souvent, que l'expression de l'énergie et du renouveau de la Nature. L'attitude enjouée de cette jeune « bacchante », son visage épanoui dans une douce euphorie, célèbrent un plaisir sensuel, celui de la dégustation du vin. La générosité des formes, la vivacité de l'attitude, l'exubérance et l'étroite liaison avec la végétation, évoquent les figures du bassin conçu pour la cour du Carrousel puis placé devant le Grand Palais, La Seine et ses affluents, qui valut à l'artiste la Médaille d'Honneur du Salon de 1910 et marqua l'apogée de sa carrière.
En bas à droite, le bronze porte la sginature de Raoul Larche. À gauche, le cachet rectangulaire avec l'inscription cire perdue SIOT indique le procédé utilisé, la cire perdue, qui permet d'obtenir une épreuve unique ainsi que le nom du fondeur, Siot, à qui Larche confia la fonte et l'édition de la quasi totalité de ses oeuvres.

Provenant d'une demeure de la région bordelaise, cette bacchante, allégorie de la générosité du vignoble et des plaisirs du vin, prend place dans les dernières années de la carrière de Larche.

Catherine Bonte

Pour en savoir plus : www.amis-musee-aquitaine.com


Bacchante, François Raoul Larche, vers 1910, bronze
63 x 45 cm, Inv. 2012.1.3
© F. Deval mairie de Bordeaux

Bas-relief  "Je ris, je chante, vive le vin" de Raoul Larche. ©Photo F. Deval mairie de Bordeaux

Bas-relief "Je ris, je chante, vive le vin" de Raoul Larche. ©Photo F. Deval mairie de Bordeaux