Bordeaux et l'Aquitaine au 20e siècle

Cycle de conférences - entrée libre

Conférences au musée d’Aquitaine à 18 heures

Après avoir ouvert ses nouvelles salles consacrées au 18e siècle en 2009, « Bordeaux le commerce atlantique et l'esclavage », puis, en 2014, le 19e siècle avec « Bordeaux porte du monde », le musée d'Aquitaine envisage de rénover en 2017, ses espaces consacrés aux 20e et 21e siècles.

Dans ce contexte, pendant toute cette année, il invite ses partenaires scientifiques à venir vous faire partager leurs connaissances sur le Bordeaux contemporain. Vie politique, évolution économique et industrielle, puis développement culturel et action sociale permettront de comprendre les profondes transformations qu'a connues la ville à l'époque contemporaine et grâce auxquelles elle prétend tenir le rang que lui a octroyé une histoire prestigieuse.

Mardi 16 février

« Vie culturelle et politique culturelle à Bordeaux dans la deuxième moitié du 20e siècle »

par Françoise Taliano des Garets, professeure d'histoire contemporaine, Sciences Po Bordeaux, CHS du 20e siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne

Pendant la deuxième moitié du 20e siècle, Bordeaux parvient à capter les projecteurs de la presse nationale et internationale grâce à deux événements culturels majeurs, le festival international de musique, le Mai musical, et le festival d'avant-garde Sigma. La ville est aussi connue à l'international pour son Centre d'art plastique contemporain, son Grand-Théâtre et son orchestre. Si l'on veut poursuivre avec les éléments les plus signifiants, il faut ensuite s'arrêter vers la fin du siècle sur la politique du patrimoine et l'urbanisme. Par ailleurs, la vie culturelle de cette cité ne peut être envisagée à travers le seul prisme des institutions publiques. Celle-ci laisse entrevoir en effet une vitalité créative qui se vérifie notamment avec le rock et une large diversité des pratiques culturelles.

D'une manière plus générale, deux forces motrices semblent à l'oeuvre pour définir l'évolution du paysage culturel bordelais pendant cette deuxième moitié du 20e siècle : l'extension de la notion de culture d'une part, et la politique culturelle d'autre part, de l'ère Chaban jusqu'au premier mandat d'Alain Juppé.

 

Jeudi 18 février

« Les élites municipales de Bordeaux au 19e siècle de Charles Gruet à Jacques Chaban-Delmas »

par Bernard Lachaise, professeur d'histoire contemporaine, directeur de l'UFR Humanité, Université Bordeaux Montaigne

Entre la Première Guerre mondiale, au temps où Charles Gruet était maire de Bordeaux (1912-1919) et le long règne de Jacques Chaban-Delmas (1947-1995), qui sont les hommes -et les femmes qui ont dirigé Bordeaux ? Durant le siècle, avec cinq maires -Gruet, Philippart, Marquet, Audeguil et Chaban-Delmas- Bordeaux a connu plusieurs alternances politiques, en particulier en 1925 avec l’élection du socialiste Adrien Marquet puis 1947 avec celle du radical-gaulliste Jacques Chaban-Delmas. La société et l’économie bordelaise ont profondément changé au cours du siècle. Quelles sont les conséquences de ces changements politiques, économiques et sociaux sur les élus qui siègent au Palais-Rohan ? Des portraits collectifs des élus mais aussi quelques portraits singuliers seront dressés et s’efforceront de répondre aux questions : rajeunissement ou vieillissement ? féminisation ? Bordelais de naissance ? démocratisation ? cumul des mandats ?

 

Mardi 1er mars

« Des premiers antiques au musée d'Aquitaine »

par Florence Barutel, titulaire d'un master en métiers du Patrimoine monumental et mobilier, auteure de l'ouvrage Au fil de l'histoire des musées de Bordeaux, éd. Entre-deux-Mers, 2015

Depuis la première exposition publique de vestiges antiques liés à l'histoire de Bordeaux jusqu'à l'installation du musée d'Aquitaine cours Pasteur, près de quatre siècles se sont écoulés.

S'il est devenu ce grand musée de patrimoine, c'est qu'il est en partie l'héritier de nombreux autres établissements, aujourd'hui disparus, qui ont jalonné le cours du 19e et du 20e siècle.

De l'archéologie à l'ethnologie régionale, sa vocation s'est élargie au fil du temps. D'un projet à l'autre, ce fut pendant plus de vingt ans un musée sans murs dont les richesses demeurèrent longtemps inaccessibles au public.

Lieu de mémoire, le musée d'Aquitaine possède aussi sa propre histoire qui mérite d'être comptée et transmise, rendant ainsi un hommage mérité à tous ceux qui ont œuvré pour préserver un patrimoine commun.

 

Mardi 8 mars

« La construction navale comme composante majeure du développement industriel de Bordeaux au 20e siècle »

par Robert Pierron, économiste, animateur du Groupe Maritime de la Mémoire de Bordeaux, chercheur associé Céreq

Dans la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e siècle, Bordeaux s'affirme comme un pôle industriel de premier plan, dont la branche motrice la plus visible est alors la construction navale. Par un long processus de mutations, cette activité apparaît rétrospectivement comme le socle d'un complexe dynamique constitué au début du 21e siècle, notamment autour de l'aéronautique, des matériaux ou de la photonique.

 

Mardi 15 mars

« Missiles et fusées en Aquitaine »

par Roger Peuron, ingénieur, président du groupe Balistique et spatial

En 1959, le général de Gaulle décide de doter la France d’une force nucléaire de dissuasion devant comporter des avions et des missiles capables d’emporter des « bombes atomiques ». La Poudrerie nationale de Saint-Médard-en-Jalles est choisie pour produire les propergols solides nécessaires à la propulsion de ces missiles. Un ensemble d’établissements industriels et étatiques s’implante alors autour de cette dernière. Depuis, le secteur ainsi constitué participe activement aux études, aux essais et à la réalisation des missiles, ainsi qu’au programme Diamant qui met en orbite Astérix en 1965, premier satellite français, ouvrant ainsi la voie de la conquête spatiale par l’Europe. Il participe également à de nombreuses applications civiles comme le programme Ariane.

 

Mardi 22 mars

« Le développement industriel de l'agglomération bordelaise : milieu des années 1950, milieu des années 1970 »

par Alexandre Fernandez, professeur d'histoire contemporaine, Université Bordeaux Montaigne, CEMMC

On tend trop souvent à réduire la part des activités industrielles à Bordeaux ; une réévaluation de leur rôle historique dans la formation de l'économie girondine contemporaine paraît nécessaire. Centrer l'analyse sur les deux décennies centrales de la deuxième moitié du 20e siècle - celles de l'industrialisation générale de la France au demeurant - permet de rendre compte non seulement de l'essor de la production régionale et de l'extension géographique des espaces industrialisés, mais également d'une époque où la vieille cité parût, dans une certaine mesure sans doute, tenté par un désir d'industrie.

 

Mardi 29 mars

« Les années Chaban-Delmas (1947-1995) »

par Bernard Lachaise

Evoquer les années Jacques Chaban-Delmas, c’est retracer un demi-siècle d’histoire de Bordeaux durant lequel les Bordelais ont sans cesse renouvelé leur confiance au maire élu pour la première fois en 1947. Cette continuité ne doit pas masquer les changements de grande ampleur que Bordeaux a connus durant la seconde moitié du 20e siècle, à l’image de la France, passant de la reconstruction au lendemain de la Seconde Guerre mondiale aux « Treize heureuses » des années 1960 et début des années 1970 avant les années de crise. Bordeaux sort profondément transformée dans son paysage urbain, dans son économie, dans sa vie culturelle. Quelle est la part du député-maire de Bordeaux dans ces mutations ? Et en quoi ces mutations font-elles l’originalité de Bordeaux par comparaison avec d’autres villes et contribuent-elles à la longévité de Jacques Chaban-Delmas ?

Jean Dupas, Allégorie de la vigne et du vin, 1925 - © mairie de Bordeaux

Jean Dupas, Allégorie de la vigne et du vin, 1925 - © mairie de Bordeaux