Février 2015 – Autel à la vierge
La niche est dotée de deux pilastres surmontés de chapiteaux dérivés de l'ordre ionique ; les volutes sont doubles ; la corbeille est ornée de deux cornes d'abondance adossées, entre deux demi-feuilles d'acanthe placées aux angles. Elle porte à la partie supérieure une coquille qui occupe tout le champ. Les arcades, pilastres, et la partie supérieure du soubassement son ornés de cercles et losanges.
L'entablement est orné d'une frise de rinceaux et putti, de têtes antiques à chaque extrémité. Dans la partie médiane, un cartouche porte un coeur et les lettres F et R placées au-dessus et sous ce coeur.
Le couronnement reproduit, en plus petites dimensions, la niche à pilastres, corniche et coquille, dans laquelle est placée une croix reposant sur un socle mouluré.
Dans la niche du retable se trouvait vraisemblablement une statue de vierge. Actuellement se trouve une petite statue de facture assez maladroite mais qui, par ses proportions, par le développement en largeur de ses draperies aux plis profonds et contrariés, est un des meilleurs témoignages de la pénétration en Aquitaine de l'art post-seutérien. Elle peut être rapprochée de la Sainte Catherine qui orne une niche à l'extérieur d'une des chapelles méridionales de la Collègiale Saint-Seurin.
> Cette oeuvre se trouve dans le parcours permanent du musée d'Aquitaine.
Dialogue avec une oeuvre comtemporaine
Dans le cadre de l’exposition "Les narrations de l’absence, installations d’œuvres du Frac Aquitaine dans les collections permanentes du musée d’Aquitaine", cet Autel à la vierge est mis en dialogue avec Le pleurant des oranges de Hans Van Den Ban.
A la fin du XIXe siècle, Bordeaux renfermait en ses murs une dizaine d'hôpitaux dont l'hôpital Saint-Antoine, qui soignait le mal des ardents, en lieu et place de l'actuel musée d'Aquitaine. Un seul de ces hôpitaux a traversé les siècles, l'hôpital Saint-André qui a six cent ans d'existence.
Le « Pleurant de orange » de Hans Van Den Ban, est une statue funéraire, symbole de l'homme et de ses douleurs, reposant sur un imposant cylindre en verre rempli d'oranges, agrumes, synonymes de vitalité, par sa conception et l'utilisation de matériaux et de couleurs contradictoires (tubes de plomb noirs ligaturés entre eux pour le pleurant et transparence du socle, réceptacle d'oranges en plastiques colorées de minium). L'artiste inverse le rôle habituel socle / statue : la figure dévote, traditionnellement mise en valeur, semble s'effacer au profit du piétement à la couleur exubérante.
Dans cet environnement muséal, l'étrange sculpture contemporaine devient une figure métaphorique, évoquant par son sombre pleurant, les épidémies de peste et autres maux liés à l'indigence, la pauvreté ainsi que la prostitution et, rappelant par son support hautement coloré, la mémoire de tous ces lieux protecteurs que furent les hôpitaux pour venir en aide aux malades.
>> Exposition "Les narrations de l’absence, installation d'oeuvres du Frac Aquitaine dans les collections permanentes du musée d'Aquitaine"