Exposition photographique | 28 août 1944 Libres !
Exposition présentée sur la façade du Centre national Jean Moulin, dans le cadre de 80 ans de la Libération de Bordeaux
Depuis le 28 août, place Jean-Moulin et rue Vital-Carles, les façades du Centre national Jean Moulin s’ornent de rares photographies de la Libération de Bordeaux. Elles sont issues des fonds des Archives Bordeaux Métropole et du Centre national Jean Moulin. Toutes témoignent de ces quelques journées qui, après l’ordre de repli général des troupes allemandes, voient l’occupant quitter Bordeaux par tous les moyens et, le lundi 28 août 1944 à l’aube, entrer quelque 10 000 combattants des Forces Françaises de l’Intérieur, acclamés par les habitants.
28 août 1944 Libres !
Bordeaux est libérée de l’occupant nazi le lundi 28 août 1944 en début de matinée.
Les forces alliées ont débarqué en Normandie le mardi 6 juin 1944 et en Provence le 15 août : le repli général des troupes allemandes est ordonné le 18 août 1944. Le lendemain, l’état-major du Reich ordonne la destruction totale du port de Bordeaux. Mais trois jours plus tard, Henri Salmide (Heinz Stalzschmitt), sous-lieutenant de la marine de guerre du Reich, prend contact avec la résistance bordelaise. Il détruit à lui seul une grande part des explosifs et détonateurs destinés à la démolition du port. Déstabilisées, les forces d’occupation acceptent d’évacuer la ville sans la détruire. Mais pour que les forces alliées ne puissent pas utiliser immédiatement le port, elles coulent plus de 100 navires avant de partir. Malgré des heurts et affrontements, dont l’action du républicain espagnol Pablo Sanchez abattu au pont de pierre, l’armée allemande quitte Bordeaux dans la journée du 27 août par tous les moyens, y compris à vélo.
Le 28 août à l’aube, les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) entrent dans Bordeaux : elles comptent plus de 10 000 personnes, pour beaucoup issues des maquis de Dordogne, mais aussi d’autres maquis du Sud-Ouest. La « Grosse cloche » de Bordeaux sonne et la foule se rassemble très vite dans les rues pour fêter la liberté retrouvée. Les dirigeants des institutions de la république (le commissaire de la République Gaston Cusin, le maire Fernand Audeguil) et le comité départemental de libération prennent place, tandis que les dirigeants des unités combattantes (colonels Adeline et Druilhe, général Moraglia) s’organisent. Mais la tension est forte avec les groupes armés qui patrouillent dans la ville. Des exactions et jugements sommaires ont lieu, comme la « tonte » des femmes accusées de collaboration.
En réponse à ces troubles, le délégué militaire national Delmas alias « Chaban » arrive à Bordeaux le 6 septembre. Le Général de Gaulle, qui avait quitté Bordeaux en juin 1940 pour rejoindre l’Angleterre, est de retour le 17 septembre 1944. Il prononce un discours fédérateur, qui encourage à s’unir dans une guerre qui n’est pas encore terminée.
Dans la mémoire collective, la Libération reste le moment où des personnes de tous horizons ont combattu côte à côte et ont fêté la victoire dans une joie collective et partagée entre les générations. La liberté retrouvée est aussi porteuse d’égalité, illustrée par le droit de vote des femmes depuis l’ordonnance prise le 21 avril 1944 par le gouvernement provisoire. En août 1944, commence donc déjà à se dessiner le « monde d’après », avec des évolutions sociales majeures dans la continuité du programme du Conseil national de la résistance mis en place en 1943 par Jean Moulin.
© Thomas Sanson, mairie de Bordeaux
Ronde autour des enseignes du Parti populaire français qui brûlent, rue Sainte-Catherine.
© Archives Bordeaux Métropole, Bordeaux 21 Fi 178 [s.n 1944]
Camion de prisonniers allemands
© Archives de Bordeaux Métropole, Bordeaux 21 Fi 222 [Laffont, photographe, 1944]