Septembre 2014 - Masque Basinjom

Dépôt Sargos

Le masque Basinjom

Utilisé par les Ejagham, ainsi que par d’autres ethnies de part et d’autres de la frontière entre le Nigéria et le Cameroun, dans la région de la Cross River. Ce masque à fonction sociale, incarnant les ancêtres, combat la sorcellerie et la maladie.ses prestations sont spectaculaires, car le danseur entre en transe et parle fort ; l’apparence physique de l’ensemble, avec ses yeux en miroir, sa coiffe de plumes, sa gueule de crocodile, ses nombreuses charges magiques sur le costume, inspire la terreur. *

Animaux & masques

« Les masques « esprit de l’eau », très nombreux chez les Ijo, représentent parfois le crocodile, le plus souvent de façon naturaliste. Mais il existe aussi quelques masques où le crocodile est  sculpté dans une construction abstraite.

La danse des masques « esprit de l’eau » rappelle que les génies aquatiques -dont ils sont la représentation- étaient couchés sur l’eau quand ils ont rencontré les hommes pour la première fois. Aussi le danseur porte-t-il le masque incliné sur le front, presque à l’horizontale.

[Notre] masque crocodile du Nigeria, le masque Basinjom des Ejagham, est composé de  différents éléments empruntés tant au monde animal qu’au monde végétal (plumes d’aigle  pêcheur, cauris, cuir…).

Il faut noter que dans la région de la Cross River, le masque de la société Basinjom est  considéré comme l’un des plus puissants. Les membres de la société secrète ont pour mission  de rechercher et poursuivre tous ceux qui sont à l’origine de désordres dans la communauté :  sorciers, personnes habitées par des esprits animaux malfaisants. Dans sa robe de tissu noir  qui le cache aux regards des sorciers, le Basinjom, à la fois détective et devin, parcourt à  l’improviste les rues d’un pas rapide et glissant, à la recherche des malfaisants »**

Le Nigéria

Le Nigeria est un grand pays de 920 000 km², traversé à l’ouest par le fleuve Niger et à l’est par son affluent, la benue. Recouvert dans sa majeure partie par la savane, il présente, au sud une zonecôtière lagunaire, le reste du pays étant occupé par une vaste région vallonnée plongée dans la fôret dense. Les Haoussa au nord, les Yorouba à l’ouest et les igbo au centre sont les trois ethnies majoritaires, les quelques 400 autres groupes ethniques représentant moins de 40% de la population actuelle.

Ce pays est d’abord le berceau de grandes civilisations disparues. Il s’agit de la civilisation Nok (essentiellement de -500 à +200), de celles de Sokoto et de Katsina (de -300 à -100), puis, plus tard, de celles d’Ife (+500 à +1600) et de Bénin (+1200 à +1987, la précision de cette dernière date correspondant à la terrible expédition punitive des Anglais, en représailles au massacre d’une colonne anglaise imprudente).

Concernant l’aspect tribal, les Yorouba d’une part, les Igbo et les populations satellites d’autre part, assurent la quasi-totalité des œuvres majeures de ce pays. Mais les autres petites ethnies se font remarquer par leur profonde originalité, pouvant dérouter les amateurs, ou, au contraire, les émerveiller. *

 

*Extrait de Sargos, Catherine, Arts et traditions d'Afrique : du profane au sacré, [exposition, Agen, Eglise des Jacobins, 7 mai-15 novembre 2010] / texte de Catherine et Patrick Sargos ; photographies de Nicolas Sargos. - Paris : Hazan ; Agen, 2010.

** Extrait de la thèse « Les animaux dans les masques d’Afrique de l’ouest » Pauline, Frealle, Ecole nationale vétérinaire d’Alfort, 2002

Masque Basinjom - ph. Lysiane Gauthier

Masque Basinjom - ph. Lysiane Gauthier